Porte-drapeau du Togo aux côtés d’Eloi Adjavon, Naomi Akakpo veut se surpasser pour faire honneur au pays de son père. Née en France d’une mère française il y a 23 ans, la spécialiste du 100m haies s’est confiée ce 31 juillet lors de son passage à la Station Afrique.
“ Naomi, vous auriez pu courir pour la France. Pourquoi avoir choisi le Togo ?
J’ai trouvé que le Togo n’était pas assez représenté à l’international dans le sport. Quand j’étais plus jeune et que je regardais la télé, je recherchais toujours notre pays, il n’était pas beaucoup là. Je me suis alors dit : je suis dans le sport, j’arrive à faire mon petit bout de chemin, pourquoi pas le faire au pays ? Ça permettrait d’inspirer les jeunes filles et les jeunes garçons pour que dans quelques années, on puisse être toute une délégation à pouvoir conquérir tout le sport à l’international.
Votre frère cadet, Lawrence, a choisi l’équipe de France de beach-hand. Était-ce la bonne décision pour lui ?
Moi je pense que c’est la meilleure décision. Je trouve que dans la même famille, avoir une sœur qui court pour l’Afrique et un frère qui court pour la France, c’est vraiment incroyable, ça représente bien les deux parents et les deux cultures qu’on a pu avoir. Pour moi c’est magique.
Avez-vous l’impression que l’image du Togo est mieux vendue depuis votre décision de courir pour ce pays ?
C’est plutôt le public qui peut me dire si ça fait une différence ou pas. Je pense qu’il y a un petit impact quand même. A travers les réseaux sociaux, j’arrive à transmettre une bonne image du Togo, à nous faire connaître un peu plus. Même là sur le village olympique, on n’est que cinq athlètes togolais, mais on fait notre bout de chemin et on se fait remarquer. Tous les jours on apprend à des athlètes où est le Togo et qui nous sommes.
Les JO sont là. Vous êtes l’un des espoirs de tout un pays. La pression n’est-elle pas énorme sur vos épaules ?
C’est une pression mais une bonne pression ! Vraiment, le peuple togolais est le meilleur. Ils me soutiennent tout le temps, ils me poussent, ils m’envoient énormément de messages très motivants. J’ai envie de me surpasser pour la famille et encore plus pour le peuple togolais.
Le Stade De France n’est pas loin de l’endroit où vous avez grandi. La famille sera-t-elle là pour suivre vos épreuves ?
Oui, la famille est déjà là. Déjà avant la course, elle sera au Stade De France pour me soutenir. C’est juste fou de pouvoir représenter le Togo en France ! Je crois qu’il n’y a pas beaucoup de personnes qui peuvent vivre ce genre d’expérience. Avoir ma famille près de moi, c’est un boost supplémentaire.
Quel objectif vous êtes-vous fixée ? L’expérience ou la médaille ?
L’objectif, c’est de battre mon record, passer au moins un tour et de donner tout ce que j’ai. Faire du mieux que je peux et aller le plus loin dans la compétition. On verra où ça nous mène et franchement je suis prête et déterminée à tout casser.
A qui allez-vous pensez en premier si vous décrochez une médaille au 100 m haies ?
Alors, si jamais ça arrive dans le meilleur des cas, la première personne à qui je penserais, ce serait ma maman qui est partie il y a quelques années. Ensuite, ma famille, elle sera là avec moi et bien évidemment à tout le peuple togolais qui m’a soutenu et qui a été là pour moi.
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur les binationaux qui défendent les couleurs de l’Afrique ?
Je trouve que c’est vraiment la meilleure chose à faire. C’est vrai que nous, les binationaux, on peut avoir plus de moyens, plus de structures. C’est plus facile pour nous d’avoir accès au sport plutôt que les jeunes restés au pays où il y a plus de difficultés. Quand on a de l’expérience et des qualités, autant les mettre au profit du pays pour faire avancer les choses.
Au-delà du sport, vous vous inscrivez dans la lutte contre la désertification. Un engagement lié à la terre, à la nutrition. Quel rôle jouez-vous ?
C’est un projet qui a pour but d’engager les personnalités sportives autour de la protection des terres pour un avenir prospère. C’est dans ce contexte que je suis là aujourd’hui avec les Nations-Unies. Il y a un cadre d’échanges avec plusieurs associations, surtout basées au Togo. Il faut quand même commencer dans son pays avant de s’exporter à l’international”.
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