Décédé jeudi 8 août à 78 ans, l’ancien Président de la CAF de 1988 à 2017 part avec la réputation d’un défenseur des intérêts du football continental. Sous sa responsabilité, l’Afrique a accumulé cinq médailles au tournoi olympique, dont deux en or.
Comme un clin d’oeil du destin, Issa Hayatou est décédé jeudi 8 août à Paris, jour d’un match de classement olympique 100% africain remporté par le Maroc aux dépens de l’Egypte (6-0).
Nul doute que l’ancien Président de la CAF, dont le magistère s’est étiré sur 29 ans (1988-2017) et a rimé avec le rayonnement du football africain aux JO, aurait apprécié ce sommet continental spectaculaire.
Un petit retour en arrière s’impose. Quatre ans après son avènement à la tête de la CAF, survenu durant la CAN 1988 au Maroc, le dirigeant camerounais vit avec satisfaction l’aventure du Ghana aux JO de Barcelone en 1992, un tournoi réservé aux U23.
Un an plus tôt, les jeunes Ghanéens sont devenus champions du monde U17 en Italie et un grand nombre d’entre eux sont présents en Catalogne pour conquérir le bronze (1-0) devant l’Australie.
Ce sera la toute première médaille de l’Afrique dans un sport collectif. Mais pas la dernière.
Quatre ans plus tard à Atlanta, le Nigeria de “Papilo” Nwankwo Kanu fait fi de tous les problèmes et offre la toute première médaille d’or olympique à l’Afrique.
Une victoire (3-2) d’autant plus savoureuse que décrochée face à l’Argentine.
Le monde découvre alors une génération de jeunes Nigérians talentueux, avec Daniel Amokachi, Emmanuel Amunike, Celestine Babayaro, tous passés par les CAN dans les catégories de jeunes et qui se dotent de phases finales.
S’appuyant sur les performances des sélections africaines U17, U20 en Coupes du monde des catégories d’âge mais aussi aux JO, Hayatou accentue son combat en faveur d’une plus grande considération du football continental par la FIFA.
Fin politique, il transforme ces performances XXXL en arguments de plaidoyer pour une représentation plus juste.
Il sera écouté, puisque le nombre de qualifiés pour une Coupe du monde A passera de trois à cinq à l’occasion du Mondial 1998.
En 2000, le Cameroun, à son tour, se lance dans une épopée olympique à Sydney, dont il ressortira avec la médaille d’or.
L’équipe dirigée par Jean-Paul Akono s’appuie sur des jeunes joueurs mais aussi sur les vainqueurs de la CAN 2000, Samuel Eto’o, Geremi, Patrick Mboma ou encore Idriss Karlos Kameni.
Dans la foulée, d’autres compétitions verront le jour, sous l’impulsion de Hayatou, dans le foot féminin ou encore pour les joueurs locaux (CHAN).
En 2008 à Pékin (argent) puis en 2016 (bronze), le Nigeria confirme son appétit pour le tournoi olympique. L’Afrique du Nord, en revanche, y brille moins.
Jusqu’à cette formidable épopée 2024 du Maroc -pays où tout avait commencé sur la scène africaine pour Issa Hayatou-, qui aurait certainement été droit au coeur de ce fervent défenseur des intérêts du football continental qu’il protégeait jalousement des attaques de l’Europe et de ses clubs, en particulier…
Photo : Droits réservés
Samuel BIYONG
Mag Olympique CNO – Cameroun
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