Le sifflet a son poids dans le destin d’un match. Et cette saison encore, sur les pelouses de D1 Lonato et de D2, il a parfois tremblé au moment décisif. L’arbitrage togolais, pourtant placé sous le signe du renouveau, reste miné par des ratés qui mettent en cause la sincérité des résultats et la régularité des compétitions. Malgré les signaux encourageants et la montée en compétence de certains officiels, les crispations persistent.
Le championnat avait à peine pris son envol que les premières polémiques ont éclaté. À Gbossimé, lors d’un duel engagé entre l’Étoile Filante et Espoir FC comptant pour la 2e journée disputé le 18 décembre 2024, une erreur manifeste a créé le malaise. L’Étoile Filante a en effet effectué six remplacements au lieu des cinq autorisés, en violation des règles en vigueur. Curieusement, le corps arbitral n’a pas bronché. La réserve est posée après coup, et l’affaire transférée à la commission compétente.
Ce manquement basique à la réglementation interroge sur la concentration et la vigilance des arbitres à ce niveau de compétition. Cette situation n’est pas un cas isolé. Depuis le début de saison, les plaintes s’accumulent. En D1 comme en D2, les décisions controversées, les gestes non sanctionnés ou autres maladresses des hommes en noir alimentent la grogne des techniciens et des dirigeants. C’est le cas d’Abalo Dosseh, coach de Gomido dont le club a perdu lors de la 16e journée face à Gbohloe Su (0-1). Il pointe une erreur arbitrale ayant directement influé sur le score. Une faute oubliée, selon lui, à l’origine du but encaissé.
« De toute façon, les conditions de match avec l’arbitrage, ça, on est pas surpris. On était averti, on savait que si on a mis ce monsieur sur le match, ça allait finir comme ça parce que la saison dernière en coupe de l’indépendance en demi-finale, c’est la même chose qui s’est passé. C’est pour ça que je suis pas énervé parce qu’on savait que c’est ce qui va se passer. C’est inadmissible. C’est vraiment suicidaire ce qu’il a fait aujourd’hui. Ce n’est pas normal« , a laissé entendre le technicien togolais à l’issue du match.
Des efforts pour redresser la barre
Pourtant, le décor avait été planté pour une saison sous le signe du redressement. La Fédération togolaise de football (FTF), via sa Commission Centrale des Arbitres, avait enclenché une série d’actions fortes. Plusieurs arbitres auteurs de fautes manifestes ont été suspendus. Des séminaires de mise à niveau ont été organisés, avec pour objectif de hausser le niveau d’exigence et de rappeler les fondamentaux. Un encadrement plus strict a été mis en place, avec des désignations revues et des évaluations renforcées.
Des hommes en noir parfois irréprochables
Certaines de ces mesures portent des fruits. Sur plusieurs rencontres tendues, des arbitres ont fait preuve d’un bon sens du placement, de décisions justes et d’une gestion fluide des temps faibles comme des moments sous tension. Mais ces bonnes prestations restent trop souvent noyées dans le flot des litiges, sans être suffisamment valorisées.
Réconcilier le jeu et le sifflet
Face à cette situation, plusieurs leviers doivent être activés avec fermeté. Il est urgent d’instaurer un suivi rigoureux et transparent des performances, de renforcer la formation continue avec des mises en situation réelles, et de créer un lien plus direct entre les clubs et la commission des arbitres pour fluidifier la communication. À moyen terme, l’idée d’un statut semi-professionnel pour les arbitres, avec des conditions de travail dignes, devra aussi être sérieusement envisagée.
Le sifflet ne peut pas hésiter quand il trace les contours d’un match. Il doit trancher, imposer, équilibrer. Et pour cela, il lui faut plus que de la bonne volonté. Il lui faut des moyens, un encadrement, et un climat de confiance. Tant que l’arbitrage togolais avancera à deux vitesses, le championnat, lui, restera bancal.
Emmanuel TETE
Crédit photo : Arnaud BOCCO

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